Wednesday, March 06, 2013

1 ere 10 genèse et affirmation des régimes totalitaires



Thème 3 : le siècle des totalitarismes (10-11h)


genèse et affirmation des régimes totalitaires (5-6h)


Objectif : mettre en évidence les traits fondamentaux et communs des totalitarismes tout en faisant la part de la spécificité de chacun de ces régimes.

Intro : même si en 1919 la démocratie semble s’installer partout en Europe (hormis en Russie), la 1ère GM est un profond traumatisme pour l’Europe. Elle entraîne une crise morale et politique qui favorise l’apparition de régimes autoritaires. Parmi eux, 3 se distinguent par leur idéologie et leur extrémisme. Le 1er naît en Russie dès 1917, avant même la fin de la guerre ; Staline en est l’héritier. Mussolini impose le 2nd en Italie en 1922 et Hitler le 3ème en Allemagne à partir de 1933. Ils prétendent contrôler tous les aspects de la vie des sociétés afin de créer un homme nouveau.  Ils partagent une commune hostilité envers la démocratie. Il faut néanmoins distinguer ces régimes. S’ils naissent dans des pays en crise, leur genèse est pourtant différente, et l’idéologie qui les fonde parfois opposée. 
Quelles comparaisons peut-on faire entre le fascisme italien, le nazisme allemand et le stalinisme soviétique ?  En quoi les totalitarismes s’opposent-ils à la démocratie libérale ?

I) la genèse des régimes totalitaires

A) la guerre et les crises, matrices (origines) des totalitarismes

Les totalitarismes naissent dans un contexte bien particulier : le choc et les conséquences de la 1ère GM, dans des états fragiles économiquement et politiquement.
*en Russie : difficultés liées à la guerre qui se prolonge. Une 1ère révolution en février 1917 provoque la chute du tsar ; une 2ème révolution fomentée par le parti communiste (bolchévique déf° p194) de Lénine impose une dictature du prolétariat (doc1 p176 et 12 p181). Après la création de l’URSS en 1922, puis la mort de Lénine en 1924, Staline élimine ses rivaux et le stalinisme (qui décrit la pratique totalitaire de Staline) se met en place.
*en Italie : les Italiens sont mécontents des traités de paix → »victoire mutilée » çàd qu’ils n’ont pas reçu tous les territoires promis (doc5 p177). De plus, crise éco et sociale qui entraîne une montée du communisme et donc une peur des classes possédantes ! Un groupuscule d’extrême- droite, les faisceaux italiens de combat (dans la Rome antique, le faisceau symbolise l’autorité et l’unité), apparaissent comme les seuls à pouvoir restaurer l’ordre. Le 28/10/1922, Mussolini organise une marche sur Rome pour démontrer la force de son mouvement et faire pression sur le roi. Le 30/10, il est appelé à former un nouveau gouvernement.
*en Allemagne : après la défaite et l’humiliant traité de Versailles (diktat), la démocratie de Weimar est sans cesse attaquée par l’extrême-gauche et l’extrême- droite. En novembre 1923, Hitler, à la tête du parti nazi NSDAP, échoue dans une tentative de coup d’état qui lui vaut un enfermement en prison. La crise des années 30 va amener le NSDAP au 1er plan politique (succès électoraux) (doc6 p177) et le 30/01/1933, Hitler est appelé à former un nouveau gouvernement.

B) un même projet d’établir une société nouvelle

*En effet l’individu est réduit à une fonction sociale (producteur, protecteur ou soldat, mère de famille…) entièrement au service du collectif (parti, nation, Etat). Contrairement aux régimes autoritaires traditionnels, ils reposent sur la mobilisation des masses (docs3,4,6 p183). Le peuple s’identifie à un chef charismatique, objet d’un véritable culte et surnommé le guide : duce-vojd-führer. Pour ce faire, la dictature doit être instaurée afin d’éliminer tout opposant à ce projet de société nouvelle.
*Staline, après avoir éliminé ses opposants directs (Trotski), s’empare peu à peu de tous les pouvoirs et en 1928 il domine complètement le parti communiste (PCUS), puis décide d’accélérer la mise en place du communisme (càd instaurer une société sans classes sociales ni propriété privée) en pratiquant la collectivisation forcée dans les campagnes (kolkhozes…) contre les koulaks (paysans propriétaires) ou en planifiant la politique économique (industrialisation à marche forcée). Idée complétée dans le II A).
*Mussolini met en place, dans un 1er temps, un gouvernement composé essentiellement de ministres non fascistes afin de rassurer ses détracteurs. Mais après l’assassinat du député socialiste Matteotti (doc6 p179), Mussolini renforce son pouvoir en établissant les lois fascistissimes qui transforment l’Italie en dictature (doc2 p182) ; administration épurée, médias censurés, droit de grève interdit, syndicats et autres partis interdits, population surveillée…
*Hitler va aller beaucoup plus vite que Mussolini dans la mise en place de la dictature. 3 semaines après sa nomination à la tête de la chancellerie, Hitler fait interdire le KPD suite à la responsabilité présumée des communistes dans l’incendie du parlement : le Reichstag (doc10 p180). Pour « la protection du peuple et de l’Etat allemand », Hitler obtient les pleins pouvoirs en Mars (doc5 p183) puis suspend les libertés individuelles, interdit les partis politiques et syndicats, censure les médias, organise des autodafés (doc2 p184), surveille la population avec la police secrète d’Etat, et entame sa politique antisémite avec les 1ers boycotts de magasins juifs. Dès Juillet 1933 l’opposition a disparu et en Août 1934, Hitler devient le maître incontesté du Reich en cumulant les fonctions de chancelier, président et chef des armées suite à la mort du président Hindenburg.

C) les instruments des régimes totalitaires

Un parti unique accordant des privilèges à ses membres attire des millions de membres (plus de 5,5 millions de membres du NSDAP). Le parti encadre la société par des organisations dès le plus jeune âge : Balillas en Italie, hitlerjungend en Allemagne, komsomols en URSS (doc3-4 p183) ; puis les travailleurs : corporatisme et syndicat fasciste, front du travail en Allemagne,  syndicat unique en URSS ; même les loisirs sont encadrés par des organisations telles que « dopo lavoro » (après le travail) en Italie ou kraft durch freude » (la force par la joie) en Allemagne (doc1 p184).
La propagande utilise les médias modernes (radio, cinéma, photographie,  affiches) comme moyen d’endoctrinement. Un véritable culte du chef est rendu (doc2 p173, 1p174,  5p179). L’art sert également les intérêts de l’état et du chef (exo p196), ou illustre l’idéologie du régime dans la volonté de créer un homme nouveau (doc4-5 p185, 10 p187). Les grandes parades servent à impressionner le peuple et à montrer la force du parti ou de l’Etat (doc1 p172, 6 p183, 9 p186). Pour les 3 totalitarismes, le 1er devoir de l’homme est de travailler (doc6 p183 et doc4-5 p185) pour l’intérêt du collectif (Etat) ; l’individu en tant que tel ne compte pas…s’il n’est utile au collectif.
L’ultime instrument de la domination est le recours à la terreur pour éliminer tout opposant. La police politique est chargée de la surveillance des populations : ovra (organisation de vigilance et de répression de l’antifascisme)  en Italie, nkvd en URSS (doc4 p179), gestapo en Allemagne. Pour les plus récalcitrants, l’internement en camps de travail est mis en place : îles Lipari en Italie (carte p174), camps de concentration en Allemagne (doc9-11 p191), goulags en URSS (doc3 p175 et docs 7-8-10 p190-191). Même les proches des dictateurs subissent aussi la répression : nuit des longs couteaux en Allemagne (p194), falsification de l’histoire en URSS (doc6 p185 et doc5 p189) et grands procès truqués de Moscou en 1936-1938 (purges du PCUS et de l’armée rouge…qui expliquera en partie la mauvaise préparation de l’armée et son recul face aux nazis lors de l’invasion de 1941 du fait que 12 des 15 commandants de l’armée rouge ont été exécutés ou démis de leurs fonctions auparavant!).  Avec le durcissement des régimes, la répression s’intensifie (doc3 p189 et doc6 p190). 

II) les spécificités des régimes totalitaires

A) en URSS, un totalitarisme de classe.

*le contrôle de l’économie : collectivisation dans le domaine agricole (kolkhoze déf° p182) mais également dans l’industrie où l’Etat établit la planification de l’économie (plans quinquennaux…à réaliser en 4 ans !). Le but est de supprimer le secteur privé et d’accélérer l’industrialisation du pays pour concurrencer les pays capitalistes et prouver que le communisme est capable d’être une solution au libéralisme économique. C’est en URSS que le contrôle de l’économie est le plus fort. La propagande encourage le dépassement de soi (stakhanovisme) pour augmenter la production (doc5 p185 et doc10b p187). La répression s’abat sur les récalcitrants (doc3 p189 + famines terribles en 1932-1933 en Ukraine voulue par Staline pour briser la résistance paysanne avec +4M de morts). En 1937, l’URSS est devenue la 3ème puissance éco du monde mais il y a peu d’industries de consommation et les conditions de vie restent difficiles.

*L’idéologie stalinienne prône la lutte des classes et l’affrontement entre les  prolétaires et les capitalistes. L’internationale communiste annonce : « du passé, faisons table rase » ; le totalitarisme apparaît bien comme une tentative de créer un homme nouveau : d’ailleurs Trotski évoquait l’avènement de l’homo soviéticus après celle de l’homo sapiens ! Staline invoque la « loi de l’histoire » pour affirmer que l’avènement du communisme va dans le sens de l’histoire (la lutte des classes est le moteur de l’histoire depuis l’antiquité selon Marx).
B) le fascisme, un totalitarisme d’Etat.

*jusque 1929, l’état intervient peu dans l’économie mais suite à la crise mondiale l’institut pour la Reconstruction Industrielle développe une politique de grands travaux et d’autarcie économique. L’Etat modernise ainsi l’économie et les infrastructures, mais la propriété reste privée et les grandes entreprises prospèrent. Le travail est encadré où le corporatisme est mis en place.
*par les lois fascistissimes, Mussolini renforce l’unité de la nation par un Etat tout-puissant. Pour affirmer la grandeur de l’Italie, Mussolini veut rénover la capitale en instituant la 3ème Rome (doc p196). Il pratique une politique impérialiste en s’appuyant sur le modèle de l’Empire romain (conquête de l’Ethiopie en 1936, de l’Albanie en 1939, développement des colonies libyennes et somaliennes) et se rapproche de l’idéologie nazie raciste et antisémite à partir de 1938 (doc2 p188). Cependant, le racisme et l’antisémitisme sont beaucoup moins marqués qu’en Allemagne.

C) le nazisme, un totalitarisme de « race ».

*La spécificité du nazisme vise à la suprématie de la race aryenne représentée par le peuple allemand (Volk), conformément aux écrits de « mein Kampf » (doc1a p189). En ce sens, les Allemands doivent dominer les races inférieures : latins, slaves, et conquérir un espace vital (Lebensraum) pour la survie et la prospérité du peuple allemand. Hitler légitime son action par « la loi naturelle » qui voit le plus fort survivre au détriment du plus faible. Les juifs sont considérés comme des parasites et sont à peine classifiés dans l’espèce humaine.
*Pour préserver la pureté de la race aryenne se met en place une politique agressive contre les handicapés mentaux, les homosexuels, les asociaux, les juifs et les métissages (doc1b p188) qui mènent à l’euthanasie et l’eugénisme. Petit à petit, les juifs sont écartés de la vie sociale : dès 1933, les nazis appellent au boycott des magasins juifs ; en 1935 c’est la mise en place des lois de Nuremberg qui excluent les juifs de la citoyenneté allemande et interdit les mariages entre juifs et allemands ; en 1938 (9-10 novembre), pogrom de la nuit de cristal ou près de 30000 juifs sont internés dans des camps de concentration (doc1c p188+annexe p212 du Nathan cote). Les nazis prétendent régénérer l’Allemagne et créer un 3ème Reich pour mille ans.

Conclusion : les 3 totalitarismes sont issus de périodes de crises au sein des pays concernés. Ils veulent mettre ne place un homme nouveau complètement à la disposition de l’Etat grâce à l’embrigadement des esprits. Pour briser les oppositions, l’Etat utilise la violence et la terreur. Le régime reçoit le soutien plus ou moins passif de la population. Mais la radicalisation des régimes et les épreuves de la 2nde GM remettent en question l’adhésion populaire en Italie et dans une moindre mesure en Allemagne. Par contre, le peuple est autour de Staline pour la défense de la patrie après l’invasion nazie en 1941. La fin de la 2nde GM verra la fin des totalitarismes fascistes et l’affirmation du modèle soviétique dans le monde, entraînant la planète dans de nouveaux conflits, ceux de la guerre froide.

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