A l'école, les filles réussissent mieux mais les inégalités restent fortes
Le 8 mars est la journée internationale de la femme, moment opportun pour faire un état des lieux sur l'égalité entre hommes et femmes dans l'éducation et dans l'emploi.
Blog : L'éducation déchiffrée | 08.03.13 | 19:08
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Education et emploi : Les inégalités entre hommes et femmes sont toujours bien présentes
Le 8 mars est la journée internationale de la femme, moment opportun pour faire un état des lieux sur l’égalité entre hommes et femmes dans l’éducation et dans l’emploi. Les statistiques sur le sujet font partie intégrante de notre travail à l’OCDE et un portail mêlant statistiques et politiques éducatives est spécialement dédié à ce sujet :http://www.oecd.org/fr/parite/donnees/.
Nous avons aussi préparé un indicateur sur ce sujet avec ma collègue de l’OCDECorinne Heckmann dont les résultats sont largement repris dans cet article (voir pour plus de détails dans Regards sur l’éducation 2012, indicateur A4).
À l’école, les filles surclassent les garçons dans bien des domaines
Ce sujet est au cœur des débats car, conscients de l’impact que l’éducation a sur le taux d’emploi, la mobilité professionnelle et la qualité de vie, les responsables politiques et les professionnels de l’éducation savent combien il est important de réduire les différences de rendement scolaire entre les garçons et les filles.
Trois statistiques de l’OCDE publiées chaque année laissent d’ailleurs penser que les écarts entre garçons et filles se sont réduits voire que les filles ont pris l’ascendant :
1. Les filles, à 15 ans, réussissent mieux que les garçons en compréhension de l’écrit
Dans tous les pays de l’OCDE, les filles ont surclassé les garçons aux épreuves de compréhension de l’écrit du cycle PISA 2009, de 39 points, en moyenne, soit l’équivalent d’une année d’études (l’écart est de 41 points en France). L’écart s’est même accentué entre 2000 et 2009 et certains pays - comme la Finlande par exemple - s’inquiètent des faibles performances des garçons par rapport aux filles. Par contraste, aux épreuves de mathématiques, les garçons ont obtenu des scores supérieurs à ceux des filles dans la plupart des pays (12 points d’écart en moyenne et 16 en France) mais l’écart s’est cette fois réduit entre 2000 et 2009.
2. Les filles, à 15 ans, sont plus ambitieuses que les garçons
En moyenne, le pourcentage de filles qui envisagent d’exercer les fonctions qui demandent généralement un diplôme universitaire - membres de l’exécutif ou des corps législatifs, cadres supérieurs de l’administration publique, dirigeants ou cadres supérieurs d’entreprise, ou une profession intellectuelle ou scientifique - est supérieur de 11 points à celui des garçons. L’Allemagne, la France et le Japon et la Suisse sont les seuls pays de l’OCDE où les pourcentages de garçons et de filles qui envisagent un tel avenir professionnel sont similaires.
3. Les filles sont aujourd’hui plus nombreuses que les garçons à rentrer dans les formations universitaires et à en sortir diplômées.
Plus les garçons et les filles obtiennent de bons résultats à l’école, plus ils sont susceptibles de poursuivre leurs études. Entre 2000 et 2010, la probabilité pour les jeunes hommes comme pour les jeunes femmes de s’inscrire dans une formation universitaire a augmenté de façon spectaculaire, passant de 47 % à 62 %. Pourtant, une fois ces pourcentages ventilés par sexe, il apparaît clairement que la progression des femmes explique en bonne partie cet essor. Ainsi, la proportion de femmes susceptibles d’entamer une formation universitaire est passée de 51 % en 2000 à 69 % en 2010, tandis que la proportion d’hommes susceptibles d’entamer ce type de formation est passée de 42 % en 2000 à 55 % en 2010.
Pourtant, malgré ces chiffres éloquents, les stéréotypes entre hommes et femmes sont toujours tenaces car:
1. Plus le niveau de diplôme augmente, moins les femmes sont représentées
Dans les pays de l’OCDE, les hommes restent plus susceptibles que les femmes d’obtenir un titre à l’issue d’un programme de recherche de haut niveau, un doctorat par exemple (54 % en moyenne et 56% en France). Le pourcentage de titres sanctionnant un programme de recherche de haut niveau délivrés à des femmes est inférieur à 50 % dans tous les pays sauf en Argentine, au Brésil, en Estonie, aux États-Unis, en Finlande, en Israël, en Italie, en Nouvelle-Zélande et au Portugal. En Corée et au Japon, deux tiers au moins des titres sanctionnant un programme de recherche de haut niveau sont délivrés à des hommes (voir graphique 1 ci-dessous).
2. En outre, certains domaines d’études restent considérés comme plus « masculins » et d’autres plus « féminins ».
En 2010, dans tous les pays à l’exception du Japon et de la Turquie, plus de 70 % des étudiants suivant une formation universitaire dans le domaine de l’éducation étaient des femmes (à titre indicatif cette proportion était de 76 % en France). De même, en moyenne dans les pays de l’OCDE, 74 % des diplômes dans le domaine de la santé et du secteur social sont également délivrés à des femmes. Par contraste, dans la plupart des pays, les femmes représentent moins de 30 % de l’ensemble des diplômés dans les domaines de l’ingénierie, de la production et de la construction (27 % en moyenne et 30% en France) et seulement 42% en moyenne de l’ensemble des diplômés dans les domaines des sciences (38% en France).
De plus, la situation n’a que peu évolué depuis 2000, en dépit des nombreuses initiatives qui ont été prises pour promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes. En 2000, par exemple, l’Union européenne s’est fixé l’objectif d’accroître le nombre de diplômés de l’enseignement supérieur en mathématiques, en sciences et en technologie d’au moins 15 % à l’horizon 2010, et de réduire l’écart entre les sexes dans ces matières. Mais les progrès accomplis en ce sens restent toutefois marginaux à ce jour et ce déséquilibre pose problème à un moment où certains pays comme l’Allemagne ont un marché du travail en manque de diplômés scientifiques pour remplacer les travailleurs qui partent à la retraite.
Parité hommes/femmes sur le marché du travail : un niveau de diplôme élevé favorise la réduction des inégalités en matière d’emploi.
Réduire l’impact des stéréotypes en éducation est un objectif majeur pour les responsables politiques dans les pays de l’OCDE. Réduire les écarts de taux d’emploi entre les sexes en est un autre. Les femmes qui n’ont pas obtenu de diplôme de fin d’études secondaires accusent un taux d’emploi particulièrement faible (49 % en moyenne), alors que celles qui sont diplômées du secondaire et de l’enseignement supérieur affichent un taux d’emploi de 66 % et 79 %, respectivement.
Cependant, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, l’élévation du niveau de formation entraîne une réduction sensible de l’écart de taux d’emploi entre les hommes et les femmes : cet écart représente 20 points de pourcentage chez ceux qui ne sont pas titulaires du diplôme de fin d’études secondaires, 15 points de pourcentage chez les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire et 9 points de pourcentage chez les diplômés de l’enseignement tertiaire.
Il reste encore du chemin pour arriver à la parité dans l’éducation et l’emploi
Toutes ces statistiques nous donnent à la fois des messages encourageants, notamment sur la réduction des écarts entre hommes et femmes aussi bien dans l’éducation que dans l’emploi. Ils mettent aussi en évidence que certains stéréotypes perdurent et qu’il est toujours plus difficile pour une femme d’accéder au plus haut niveau d’études, de s’orienter vers les filières dites scientifiques ou d’occuper les postes les plus importants et mieux rémunérés sur le marché du travail. La France par rapport aux autres pays de l’OCDE se situe dans cette tendance même s’il faut souligner qu’elle est loin de faire partie des pays les plus inégalitaires sur ces aspects.
Les progrès observés sur le marché du travail sont aussi dus à un grand nombre d’initiatives en faveur de la réduction des inégalités entre les sexes en matière d’emploi. À titre d’exemple, dans les pays nordiques, en Allemagne et au Portugal, les pères peuvent bénéficier d’un congé parental et d’un complément de revenus pour la durée de ce congé. En Islande et en Norvège, le conseil d’administration de certaines sociétés doit être composé d’au moins 40 % de femmes, selon la taille de la société et le nombre de membres siégeant au conseil d’administration. Des lois similaires ont été adoptées dans d’autres pays de l’OCDE (en Belgique, en France, en Italie et aux Pays-Bas). Certaines entreprises (comme Deutsche Telekom) ont choisi de s’imposer des quotas de femmes parmi les cadres.
Cependant, on peut s’interroger sur la réussite de toutes ces initiatives sur la performance intrinsèque des entreprises si les stéréotypes qui existent encore dans l’éducation ne sont pas atténués. On aura beau créer des quotas dans les entreprises par exemple sur des postes scientifiques, il sera toujours difficile de trouver suffisamment de femmes avec les capacités pour les occuper si les taux d’accès à l’université de ces filières n’augmentent pas dans les prochaines années. À l’inverse, les faibles performances des garçons en compréhension de l’écrit dans l’éducation peuvent également être source d’inquiétude sur l’employabilité dans certains domaines.
Mon prochain article sera sur la formation initiale et continue des enseignants. L’OCDE tiendra d’ailleurs un colloque international le 18 mars sur la professionnalisation de la formation des enseignants, auquel participeront le Secrétaire général de l’OCDE, M. Gurría, et le ministre de l’Éducation nationale, M. Peillon (http://www.oecd.org/fr/edu/scolaire/enseigner.htm).
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